Un livret entièrement consacré à la pierre bleue de Nozay, schiste local s'intitule "Au Fil de la Pierre bleue", il est consultable à la rubrique Livret schiste Nozay sur :
Un très beau site sur l'histoire de la Pierre bleue vue de l'intérieur par une famille de Carriers de Nozay, les "Doucet" : https://lebleudelapierre.monsite-orange.fr/
Pierre bleue : Carriers de Nozay en 1856, 1881 et 1911, voir Une rubrique "Rando Croix Nozay" présentant la randonnée des croix de schiste de Nozay du 13 août 2020 avec des indications sur les carriers de Nozay , voir http://www.tresorsdupaysdechateaubriant.fr/445424672
Schiste local de Nozay appelé Pierre bleue : Carrières et Carriers, exploitation et extraction du XIXe siècle à nos jours de ce schiste ordovicien dont l'histoire géologique remonte au paléozoïque, soit l'ére primaire, voir http://www.tresorsdupaysdechateaubriant.fr/234869508
Cahiers nantais, 2016-1 pp 31-35
Les schistes à barrettes : une pierre singulière des environs de Nozay (Loire-Atlantique)
Louis CHAURIS Géologue, Directeur de Recherche (e.r.), CNRS, Université de Bretagne occidentale
Résumé : La spécificité mécanique des schistes de Nozay, d’affleurement circonscrit sous forme d’un alignement d’ouest en est, est examinée. À la différence de nombreux autres schistes, communs dans le Massif armoricain et dédiés notamment à la production d’ardoises, leur ténacité exceptionnelle en fait un matériau qui a été recherché dans de nombreux usages allant de la construction (palis, pierres de taille) aux utilisations agricole et ostréicole (échalas pour vignoble, piquets pour parcs à huîtres).
Dans le Massif armoricain, les schistes appartiennent pratiquement à toutes les époques de sa longue histoire géologique, depuis les temps précambriens jusqu’à la fin de l’orogenèse hercynienne.
Parmi les critères de distinction, celui de la coloration est a priori le plus frappant ; les nuances les plus fréquentes oscillent dans la palette des bleus – du bleu-gris pâle au bleu nuit ; mais sont aussi répertoriés des schistes noirs, mauves, violacés, rouges, verts, gris argenté…
Par ailleurs, les conditions de sédimentation, les contraintes tectoniques, le métamorphisme… ont induit également des différences significatives.
Le terme «schiste» vient du mot grec «skhistos» signifiant «que l’on peut fendre».
Cette fissilité peut, à son tour, revêtir diverses modalités, la plus connue étant le délit en feuillets plats permettant l’obtention des ardoises (ou schistes tégulaires). Dans certains cas, plus rares, l’apparition d’une linéation accusée – à savoir l’étirement selon un allongement textural – conduit à un débit en baguettes.
De telles roches, désignées sous l’appellation de «schistes à barrettes», ont été longtemps exploitées dans l’actuel département de la Loire-Atlantique entre le sud de Marsac et le nord-est de Nozay (anonyme, 1975), ainsi que dans le Maine-et-Loire aux environs du Louroux-Béconnais.
Ces roches appartiennent à l’Ordovicien moyen, comme les célèbres «schistes d’Angers» exploités pour les ardoises à Trélazé, La Pouëze… Mais alors que dans ces localités, elles présentent une exceptionnelle fissilité permettant leur utilisation comme matériau de couverture réputé, dans le secteur de Nozay, cette caractéristique disparaît.
Les schistes deviennent compacts, massifs, livrant des dalles épaisses recherchées pour palis, voire des pierres de taille et même des éléments aptes à la sculpture, mais aussi des baguettes très allongées ou schistes à barrettes.
Dans la région de Nozay, ces schistes aux multiples utilisations étaient extraits dans de nombreuses carrières à ciel ouvert – et non souterraines comme les ardoisières – occupant jusqu’à 176 ouvriers1.
1 Selon O. Lavigne, cité in Comentale, Baltzer et al., 2015 ; ce nombre est inférieur à celui de 300 ouvriers parfois avancé, et repris dans la littérature (cf. Trautmann, 1988).
Les schistes à barrettes, à grain très fin, à texture fibreuse, sont essentiellement constitués de minéraux phylliteux (muscovite et chlorite), associés à du quartz, des lattes de chloritoïde et des taches graphiteuses ; la densité est de 2,7.
Leur caractère essentiel est une linéation extrêmement prononcée qui permet l’obtention de baguettes plurimétriques. Quelle peut être la cause de cette texture singulière ?
Le report sur la carte des points d’extraction aux environs de Nozay indique qu’ils sont tous situés un peu au nord de l’affleurement, sous forme d’un feuillet très allongé, du leucogranite de ce nom, réapparition orientale du massif de Questembert-Allaire dans le Morbihan.
L’intrusion du granite de Nozay a été suivie par l’injection de filons quartzeux stannifères dans des conditions syncinématiques, c’est-à-dire contemporaines de mouvements tectoniques (Chauris, 1980). Cette coïncidence ne saurait être fortuite : le faciès à barrettes disparaît à l’est vers La Touche de Boissaie, au droit de l’ennoyage du granite en profondeur.
Plus à l’est, le prolongement de ce feuillet granitique est attesté par l’affleurement de grès riches en tourmaline (minéral formé à partir des fluides borés émanant du granite) vers la forêt d’Ancenis. Les environs du Louroux-Béconnais sont aussi dans le prolongement en profondeur de ce même granite.
En fait, les mouvements tectoniques directionnels se sont ici longtemps poursuivis : ils ont permis l’intrusion du leucogranite en feuillet allongé ; l’étirement des cristaux de chiastolite développés lors du métamorphisme de contact dans les schistes (Davy, 1889) ; la mise en place des filons de quartz à cassitérite… et induit la texture si singulière des schistes à barrettes.
En fait, les déchets étaient importants ainsi que l’attestent les accumulations de déblais qui encombrent les carrières abandonnées et leurs abords. Dans quelques cas, les rebuts étaient recherchés pour édifier des murets en pierre sèche d’un effet singulier.
Lors de notre dernier passage dans la région, en 2008, toutes les exploitations sauf celle de Coisbrac (SARL Poidevin) étaient abandonnées.
La carrière dite du Parc (près du Grand Jouan) d’abord transformée en piscine vers 1940 à l’arrêt des extractions, a été ensuite aménagée dans le cadre d’un parcours touristique (Association ASPHAN, 1998). Les autres carrières sont à présent plus ou moins envahies par la végétation et/ou partiellement inondées.
Les traces de l’activité passée sont néanmoins aisément discernables par les fronts de taille, les accumulations de déblais, quelquefois un abri de tailleur de pierre, des vestiges de rail pour les wagonnets …
En 2008, dans la carrière de Coisbrac, étendue mais peu profonde, la pierre était extraite par intermittence, à l’aide d’une puissante tractopelle qui permettait d’arracher, sans tir de mine, des blocs de forte dimension (jusqu’à plus de sept mètres de long ). L’atelier comprenait trois ensembles : le dépôt des blocs en provenance de la carrière ; un vaste hangar (débitage par scie diamantée, fente manuelle…) ; l’aire de stockage de la production, en palettes.
Toutes les carrières des environs de Nozay ont fourni, dans le passé, des piquets (échalas), de hauteur variée (de 0,80 à 1,60 m) pour les vignobles du pays nantais : le même schiste livrait aussi des piquets pour les parcs à huîtres où ils servaient à recueillir les naissains. Ces piquets ou barrettes – de 50 cm de longueur – exportés vers la baie de Bourgneuf, permettaient la valorisation des petits éléments qui eussent été, autrement, rebutés.
Dans ces deux utilisations, le schiste remplaçait le bois avec l’avantage inestimable d’être imputrescible. Aux environs du Louroux-Béconnais, des carrières étaient spécialisées dans la confection de longs pieux pour les vignobles.
Comme l’avait déjà remarqué L. Davy (1889), «les effets mécaniques qui ont donné naissance à la forme spéciale des schistes de Nozay ont agi, de la même façon, sur les bandes de grès [qui les bordent au nord et au sud] pour leur donner des formes analogues». Dans ces grès, «la texture fibreuse […] est si bien développée, que l’on peut obtenir sous le choc du marteau, des esquilles longues et très minces ressemblant grossièrement à une lame de bois fendu dans le sens des fibres ligneuses».
Aux environs de Nozay, dans la formation des schistes à barrettes, la roche perce çà et là le sol, formant des «grées».
Les carrières s’échelonnent d’ouest en est sur une dizaine de kilomètres, en passant par le sud de la Châtaigneraie en Marsac (quatre carrières) ; le Grand Jouan (deux carrières) ; la Chenuetière, les abords de la Villatte et de La Croix Jarry (trois carrières) ; le nord-ouest de Coisbrac (une carrière) ; La Colle (trois carrières), toutes en Nozay, soit plus d’une douzaine de sites d’extraction, sans compter les carrières aujourd’hui comblées et totalement invisibles ; ainsi est nettement soulignée l’importance passée du district de Nozay.
L’extraction était facilitée par un découvert très faible, de l’ordre de 0,50 à 1,50 m seulement ; la masse exploitée se présentait en bancs d’épaisseur moyenne de 0,50 m ; la profondeur des excavations ne dépassait guère 10-12 mètres, entre autres par suite des difficultés éprouvées à remonter les blocs et des problèmes d’exhaure.
La linéation du schiste est interrompue par des diaclases subparallèles fortement inclinées. L’espacement de ces cassures naturelles conditionne la longueur des barrettes.
Conclusion
Un schiste caractérisé par sa linéation exceptionnelle a été extrait des environs de Nozay (Loire-Atlantique) et du Louroux-Béconnais (Maine-et-Loire) en vue d’obtenir des piquets («barrettes ») jouant, en mieux, le rôle du bois dans les activités vinicoles et ostréicoles. Tout en soulignant le savoir-faire des artisans locaux, sa mise en œuvre induisait des circuits commerciaux à l’échelle régionale.
Bibliographie Anonyme, 1975. Le schiste ardoisier de Nozay, Le Mausolée, pp. 2121-
Association ASPHAN, 1998. Circuit du patrimoine et du savoir-faire, région de Nozay, 46 p
Association ASPHAN, non daté. Livret d’interprétation de la carrière du Parc, 22p.
CHAURIS L., 1980. Le district stannifère d’Abbaretz (Massif armoricain) : un gisement d’étain syncinématique, 26e Congr. Géol. Intern. Gisements français, fasc. E.1, pp. 7-29.
COMENTALE B., BALTZER A., COUTIN M. et WARIN T., 2015. Au «pays de la pierre bleue» : appréhender le relief à travers l’utilisation d’une roche (Nozay, Loire-Atlantique), Les Cahiers nantais, 2015-2, pp. 15-24.
DAVY L., 1889. Étude du métamorphisme aux environs de Nozay (Loire-Inférieure), Bulletin de la Société d’Etudes scientifiques d’Angers, 1889 (1890), t.XIX, pp. 193-212
TRAUTMANN F., 1988. Notice explicative, Carte géologique de la France (1/50 000), feuille Nozay (420). Orléans, BRGM, 57 p.
Les Schistes
En Bretagne, les schistes appartiennent à toutes les époques de son évolution géologique, depuis les temps briovériens jusqu’à la fin de l’ère primaire. Les différences dans les conditions de sédimentation, puis dans les contraintes tectoniques subies, les modifications introduites éventuellement par le métamorphisme, voire par les influences météoriques, ont conduit à la genèse de multiples variétés
Parmi les critères de distinction, celui de la coloration est sans doute le plus frappant. Les nuances les plus fréquentes oscillent dans la palette des bleus – du bleu-gris pâle au bleu-noir – mais on connaît aussi des schistes noirs, mauves, violacés, rosés, rouges à lie-de-vin, verts, gris, mordorés ...
De cette énumération liminaire, il ressort qu’en Bretagne les schistes offrent à l’activité humaine des utilisations diversifiées : feuillets minces pour ardoises ; plaques épaisses pour dallage, palis ou art tumulaire ; moellons, piquets, voire pierres de taille…
Le schiste ordovicien de Nozay en Loire-Atlantique (carrières de La Vilatte…), à grain très fin, s’avère lui aussi remarquable. Connu sous le nom de « pierre bleue de Nozay », il a été mis en œuvre pour la construction d’églises (Nozay, Joué-sur-Erdre, Conquereuil en Loire-Atlantique ; Corps-Nuds en Ille-et-Vilaine…) ou d’ouvrages d’art du chemin de fer, ainsi que dans l’habitat (linteaux, escaliers à vis, cheminées…), mais aussi en palis de clôture ou de construction (photo XVI), en bordure de trottoirs et pour la confection de croix et d’auges.
Localement, certains schistes présentent un débit en baguettes très allongées. Ces schistes esquilleux, dits « en barrettes » ont été exploités dans la région de Nozay : ne pourrissant pas, ils remplaçaient avantageusement le bois pour échalas dans les vignes et piquets de parcs à huîtres.
Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires
Louis Chauris Revue Archéologique de l'Ouest N°27 2010 http://rao.revues.org/1384
La carrière de la Pierre Bleue Ressources naturelles Métamorphisme NOZAY 44113
Grandjouan, Le petit Grandjouan, La Petite Haie 302066 2293778
La "carrière de la Pierre Bleue" est un site aménagé et valorisé dont le but est de promouvoir le patrimoine historique de la commune de Nozay.
La "carrière de la Pierre Bleue" a exploité les schistes de la Formation du Grand-Auverné, qui appartient à l'Unité des Landes de Lanvaux et au Domaine varisque ligéro-sénan.
Les schistes affleurant dans cette carrière sont des méta-argilites silteuses sub-ardoisières à ardoisières.
L'âge de dépôt de leur protolithe , dans un contexte probablement épicontinental, est supposé ordovicien moyen.
A l'entrée de la zone d'exploitation, la roche, bien que massive, présente une fine schistosité sub-horizontale recoupée par un réseau de diaclases subverticales.
L'intersection de la schistosité et des diaclases confère à la roche un débit particulièrement remarquable qui, dans la moitié sud de la carrière, a permis d'extraire des "palis" d'environ 7 m de long.
Nom du site : LA CARRIERE DE LA PIERRE BLEUE
Le métamorphisme est la modification de la composition minéralogique et de l’aspect d’une roche, en général en profondeur, sous l’action de températures et de pressions élevées, par exemple lorsqu’une plaque s’enfonce sous une autre. C’est l’érosion qui arase les couches superficielles et révèle avec le temps ce qui serait sinon inaccessible à notre regard. L’âge de la roche d’origine ne peut souvent pas être connu, car les fossiles n’ont pas résisté aux contraintes extrêmes.
Métamorphisme régional
Caractéristiques des roches métamorphiques
Le métamorphisme peut être qualifié de régional lorsqu’il intéresse de vastes zones soumises à de fortes températures et de fortes pressions, lorsque les roches de surface de la croûte terrestre ont été déplacées en profondeur (quelques dizaines de kilomètres de profondeur) par les mouvements tectoniques. Les caractéristiques principales sont alors la présence de plis visibles à grande échelle, ainsi que la foliation de la roche, c’est-à-dire la présence de cristaux parallèles les uns aux autres formant des feuillets .La roche métamorphique peut présenter une schistosité, ce qui signifie que la roche peut être débitée (clivée) en feuillets. La schistosité est liée à de très fortes pressions, rencontrées par exemple lors de la formation des montagnes, ou orogénèse.
Le schiste
Autre exemple très répandu, une argile (grains fins < 50 µm environ) peut être transformée sous des contraintes compressives (écrasement par l’accumulation de piles sédimentaires plus jeunes au-dessus, ou mouvements tectoniques avec plissements) en schiste, roche présentant des plans de schistosité à l’origine d’un débit schisteux. L’ardoise est une forme peu métamorphisée de schiste (sédiments argileux fins, homogènes, débit aisé, plaques solides), de même que la lauze (sédiments plus grossiers, feuillets plus épais).
http://www.camptocamp.org/articles/174923/fr/geologie-introduction-a-la-formation-des-roches
Roches métamorphiques
Ces roches sont le produit de la transformation en profondeur (de 5 à 100 km), sous l'influence de l'augmentation de la température et de la pression, de tous les types de terrains (magmatiques ou sédimentaires) enfouis lors de la formation des chaînes de montagnes, "orogenèse" (figure 5) : cette transformation s'accompagne d'une recristallisation de nouveaux minéraux et d'une déformation qui se traduit par un débit en feuillets ou foliation. Les roches métamorphiques sont très diverses. Citons les schistes tels les ardoises, les micaschistes où prédominent les micas blancs ou noirs, les gneiss reconnaissables à l'alternance des minéraux en lits clairs (quartz, feldspaths) et foncés (mica), les marbres ou cipolins, qui sont des calcaires cristallisés, les quartzites formés à partir de sables ou de grès siliceux, dont les grains sont si intimement soudés que leurs contours ont disparu.
http://sigespoc.brgm.fr/IMG/pdf/guide_de_lecture_de_la_carte_geologique_a_1_50_000.pdf
Période cadomienne
A la fin du Briovérien, après l’érosion des cordillères domnonéenne au Nord et ligérienne au Sud, formées au cours de l’orogenèse cadomienne (encore appelée pan-africaine), le Massif armoricain se présente comme une plateforme continentale arasée et en grande partie émergée en bordure Nord du craton Ouest-africain. Dans le détail, les reliefs restent cependant encore élevés à l’Ouest et cette plateforme armoricaine pentée vers l’Est est ondulée (succession de synclinaux et d’anticlinaux disposés parallèlement les uns aux autres et de direction générale Est-Ouest)
A la fin du Cambrien, la plateforme armoricaine est un ensemble de « lanières de terres émergées » orientées Est-Ouest correspondant aux horsts ; elles sont séparées par d’étroits bras de mer : les grabens, peu profonds (mer épicontinentale) et parsemés d’îlots. Les premières sont la proie de l’érosion et les seconds sont le réceptacle de cette sédimentation détritique ainsi que des produits du volcanisme.
Une telle paléogéographie, riche en biotopes différents, en niches écologiques, a très certainement favorisé l’explosion et la diversification des espèces marines existantes . Sur les continents, en revanche, la flore et la faune étaient absentes
Ordovicien inférieur (Trémadocien- Floien)
Après une légère régression à la fin du Cambrien, la mer transgresse de nouveau le Massif armoricain dès le début de l’Ordovicien.
Après les « Séries Rouges Initiales » du Trémadocien, se dépose la Formation du Grès Armoricain.
Celle-ci présente une épaisseur très variable de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres, pouvant même atteindre 800 mètres environ dans la partie Sud de la presqu’île de Crozon.
Parfois, elle est absente ou extrêmement réduite.
Ces variations d’épaisseur sont la traduction d’une distension tectonique Nord-Sud toujours active.
Les structures sédimentaires observées y sont nombreuses, représentées par des litages obliques en mamelon, des laminations planes, des surfaces basales érosives, des rides de vagues et des rides de courant unidirectionnel.
Mais le point le plus important à noter est le magmatisme très actif qui a pris place, à la limite Trémadocien-Floien, dans tout le domaine Sud-armoricain, avec la mise en place des granites de Lanvaux II (474 8 Ma) et de l’orthogneiss de Saint-Clément-de-la-Place (477 18 Ma), des granites calco-alcalins de la Picherais et de Saint-Mars-du-Désert dans le Complexe de Champtoceaux (485 ± 11 Ma -U/Pb sur zircons) et des Porphyroïdes de la Sauzaie (477 7 Ma par la méthode U/Pb sur zircon) et de Mareuil (478 ± 14 Ma par la méthode U/Pb - laser ICPMS-MC) en Vendée.
C’est une preuve supplémentaire de la poursuite de la distension qui va amener à l’ouverture d’un nouvel océan : l’Océan Centralien entre Armorica et Gondwana, qui ne sera effective qu’à la fin de l’Ordovicien. La diversité des magmas produits serait la traduction de la diversité des sources : manteau lithosphérique et croûte continentale cadomienne.
Ordovicien moyen (Dapingien- Darriwillien)
À partir du Dapingien, la transgression est générale. Les faciès sont plus profonds, la subsidence s’accuse. La paléogéographie de la plateforme armoricaine est devenue moins diversifiée ; les Trilobites dominent.
Des dépôts fins essentiellement argileux, de couleur sombre, se mettent en place jusqu’au Sandbien sur l’ensemble du Massif armoricain, constituant les « Schistes à Calymènes » des travaux anciens (Formations de Postolonnec, d’Andouillé, du Pissot, de Traveusot, ou des Schistes d’Angers selon les régions).
Ce sont les célèbres schistes ardoisiers d’Angers.
Leur puissance varie de 150 m à 400 m environ. Parfois, ces formations silto-argileuses admettent quelques niveaux à nodules siliceux, phosphatés ou carbonatés, des lits coquilliers ou des intercalations gréseuses.
Ordovicien supérieur
Après un bref épisode de dépôts gréseux verdâtres, riches en chlorite, (Formation du Chatellier) en relation avec la surrection de « reliefs » un peu plus au Nord, la sédimentation redevient plus fine : se dépose la Formation de Riadan ou « à Trinucléus » d’âge Ordovicien supérieur.
Au Carbonifère, des reliefs vont se créer par chevauchements d’unités ; de grands cisaillements ductiles dextres vont se produire accompagnés de migmatisations avec mise en place de granites syn-tectoniques en forme de cornue bien caractéristique le long de la ZBNA et surtout des branches Nord et Sud de la ZBSA, puis de granites tardi-tectoniques dans des bassins en pull-apart.
http://avg85.fr/wp-content/uploads/2014/05/2014.05.01.HV_.AVG_.Edit_.Sortie-en-Anjou-Noir.pdf
OÙ VONT LES PIERRES ?
Le devenir des pierres de construction sur le territoire de la CCRN
Mars 2018 DTM 44 DREAL des Pays de la Loire
Etat des lieux de la prise en charge des pierres issues de travaux sur le territoire de la Communauté de communes de la région de Nozay.
Cette étude a été réalisée par la Cellule Economique Régionale de la Construction des Pays de la Loire (CERC) avec la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de Loire-Atlantique (DDTM 44), avec le soutien de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement des Pays de la Loire (DREAL) et la participation de la Communauté de communes de la région de Nozay (CCRN).
Titre 1 Eléments du contexte territorial
Partie 2 : Une empreinte minérale omniprésente sur le territoire
II. LA RICHESSE DU SOUS-SOL
La pierre bleue
Le territoire de la CCRN est situé sur la veine de schiste présente de l’Anjou à la Bretagne.
La pierre bleue, caractéristique du territoire, est un schiste formé il y a 370 millions d’années.
Sa formation a été la résultante des mouvements géologiques, des hausses de pression et des hautes températures et le métamorphisme de l’argile en schiste.
La pierre bleue, schiste sub-ardoisier, se délite en bloc insuffisamment fin et fissible pour un usage en couverture comme l’ardoise exploitée à Trélazé.
Elle offre en revanche des possibilités d’usage en palis, en pierres de taille voire même en sculpture.
Elle présente des teintes variables, passant de nuances de gris clair et de bleu pâle et s’assombrissant sous la patine du temps. La pierre présente parfois des reflets ocre lorsqu’elle est chargée en oxyde de fer.
L’exploitation de la pierre bleue - source ASPHAN
Si les plus anciennes constructions en pierre bleue encore présentes sur le territoire remontent au Moyen-âge, l’utilisation a atteint son apogée aux XVème et XVIème siècles. Pendant les trois siècles suivants, la pierre bleue cesse d’être utilisée par la noblesse et la bourgeoisie. Elle reste toutefois le matériau de construction privilégié en milieu rural et agricole. Vers 1870, la pierre bleue connait un renouveau grâce à la modernisation de l’extraction.
L’activité extractive dynamise l’économie locale et constitue la principale industrie du territoire. Avant la première guerre mondiale plus de 300 ouvriers vivaient de cette activité répartie dans une trentaine de carrières.
L’avènement du béton dans les années 1930 et ses avantages en termes de rentabilité et de facilité dans la manipulation signe la fin du développement de l’industrie extractive.
L’activité décline progressivement jusqu’aux années 1960-70 avec la disparition progressive de la plupart des exploitations et le remblaiement des carrières.
A ce jour, il n’existe plus qu’une seule carrière en activité à Coisbrac sur le territoire de la CCRN qui exploite cette pierre avec des techniques modernes.
La pierre bleue a eu des usages très variés : matériau de construction (en dallage, en appareillage, en linteau et en entourage des ouvertures), en clôture (en particulier avec les palis dressés qui constitue une particularité locale), en poteaux pour les vignes ou encore en utilisation pour les parcs ostréicoles.
L’extraction traditionnelle de la pierre bleue commence par la découverte (le décapage de la végétation de lande et de l’humus).
Le carrier tire la roche du front de taille et descend par palier.
Pour assurer le décollement des blocs, un marteau et des coins sont insérés dans le feuilletage naturel de la roche afin de créer une fente.
Les diaclases, fractures naturelles de la roche, délimitent des bancs de longueurs variables d’une carrière à l’autre.
Les carrières se trouvaient ainsi «spécialisées » dans des types de produits finis.
Le carrier utilise aussi la poudre noire qu’il place dans des trous percés à la « chanteperce » pour décoller verticalement les blocs du front de taille.
Pour remonter, les blocs ainsi détachés, les carriers les chargent sur des wagonnets plats positionnés sur des rails.
Un treuil activé manuellement hisse les wagonnets hors de la carrière.
Il n’y a pas toujours de wagonnet et de rail, alors les morceaux sont hissés directement sur le sol du plan incliné. Les morceaux plus petits sont remontés dans des wagonnets-bennes ou laissé sur place pour remblayer les zones extraites.
Le travail de taille se fait sur place. Les blocs mis sur chant sont aplanis grâce au marteau-taillant.
Cet outil qui servait aussi à creuser les auges, tient de la pioche et du marteau et a deux extrémités affûtées d’une largeur différente. Il pouvait peser jusqu’à 11 Kg.
Les carriers travaillent toute la journée, et par tous les temps.
Pour se protéger du vent, ils confectionnent des « tue-vent », sortes de grands panneaux de genets et/ou de bruyère. Avec des résidus de pierre, ils construisent aussi des abris en pierres sèches.
PARTIE 3. L’ARCHITECTURE LOCALE MARQUEE PAR LA PIERRE
I. L’ARCHITECTURE COMME TEMOIN DU PASSE
Les visites réalisées sur le territoire mettent en évidence l’importance du patrimoine en pierre dans le bâti ancien.
Outre le bâti des centre-bourgs, corps de fermes et édifices architecturaux en pierres apparentes et les ouvrages caractéristiques du secteur géographique (granges et clôtures en palis), il existe également un patrimoine que l’on pourrait qualifier d’imperceptible.
Il peut s’agir aussi bien de murs enduits, de canalisations souterraines (exemple d’une rivière souterraine encastrée dans un ouvrage en pierres sous le centre-bourg de Nozay) que d’anciennes carrières désaffectées qui pour certaines ont préservé un stock important de pierres débitées, taillées.
L’appareillage des murs en moellons témoigne des bouleversements vécus par le territoire. Ainsi, l’utilisation de linteaux en accolade (période médiévale) en appareillage de mur atteste d’évènements de reconstruction du bâti local.
Les services de la DRAC témoignent du caractère exceptionnel de ce patrimoine en pierre bleue.
Peu de territoires présentent une telle concentration d’ouvrages en pierres de schiste de cette nature.
II. UN RESSENTI CONTRASTE SUR LA PIERRE NATURELLE EN CONSTRUCTION
Les témoignages font état d’une réhabilitation de la pierre depuis la fin des années 1990.
Cet attrait nouveau fait suite à un délaissement intervenu avec l’apparition des modes constructifs modernes (en particulier avec l’apparition du béton en construction).
La pierre, et en particulier la pierre bleue, a pu, pendant un certain temps, faire l’objet d’un rejet pour différentes raisons (manipulation difficile, évocation d’une industrie en déclin, aspect « funéraire »…).
La prise de conscience générale des résidents pour l’attrait et la valeur patrimoniale de la pierre, en particulier de la pierre bleue, et de l’identité forte qu’elle confère au territoire est apparue récemment, notamment sous l’impulsion des associations de sauvegarde du patrimoine.
Selon les témoignages, il existe encore des sentiments partagés au sujet de la pierre quant à l’opportunité d’en prolonger son usage en construction et d’en prévenir sa disparition.
EN CONCLUSION
Les pierres ordinaires, un gisement soumis à un risque de dispersion ?
Les pierres qualifiées de nobles ou ornementales, en premiers lieu desquels les palis de schiste ardoisier de Nozay, les linteaux, les pierres d’angle font l’objet d’une attention particulière, de la part de la maîtrise d’ouvrage lorsque celle-ci sont identifiées en amont du chantier ou de la part des entreprises qui interviennent lors des travaux.
Ces pierres ne constituent pas à ce jour un enjeu clairement identifié de la part des acteurs rencontrés, ces pierres étant en grande majorité préservées des circuits traditionnels dévolus aux excédents de chantier.
En revanche, les pierres que l’on pourrait qualifier de banales, constituées principalement de moellons en pierre brutes ou grossièrement taillée ne font pas l’objet d’une attention particulière de la part des différents intervenants impliqués sur un projet.
Différentes raisons expliquent ce constat. Les moyens humains, économiques, les solutions de prise en charge, l’adéquation de l’offre et de la demande en pierres sont autant de freins au réemploi, à la réutilisation des pierres ordinaires.
Mais au-delà de l’usage de la pierre en tant que matériau de construction se pose celle de sa valeur patrimoniale, historique.
La pierre, et plus particulièrement la pierre bleue en Pays de Nozay, constitue un pan de la mémoire du territoire.
L’industrie extractive a contribué au développement économique du territoire en mobilisant nombre d’ouvriers.
Les pierres extraites, fruits du labeur des hommes dans des conditions de travail exigeantes ont permis l’édification du bâti local et ont également offert un rayonnement extérieur au territoire, notamment par la production des piquets destinés aux vignes ou aux parcs ostréicoles.
Si l’extraction locale de la pierre bleue subsiste aujourd’hui sur un site unique à Nozay, le matériau extrait est destiné à des usages autres que celui du bâti.
Il est principalement exporté à l’extérieur du territoire.
Il n’existe donc plus à ce jour de production de pierres destinée à un usage local en construction et il n’est pas identifié non plus de besoin manifeste de la part des maîtres d’ouvrage, des professionnels ou des particuliers.
Mais si la pierre naturelle ne fait pas l’objet d’une demande forte, supérieur au gisement existant mais diffus sur le territoire, se pose la question d’une réflexion à moyen et long terme, sur la préservation du patrimoine bâti, sur l’éventualité d’un besoin futur en pierres pour cet usage ou non.
La volonté de préservation du patrimoine bâti semble relativement partagée sur le territoire. Elle est avant tout portée par associations locales comme l’ASPHAN et les architectes des Bâtiments de France qui œuvrent pour la préservation du patrimoine bâti en pierres naturelles mais également par les acteurs économiques.
Les témoignages des collectivités des entreprises et des artisans du territoire montrent que la préservation du patrimoine bâti est une aspiration commune.
Eviter la démolition constitue le meilleur remède au maintien du bâti local et des pierres qui le constitue.
Une opération de démolition est généralement réalisée dans la cadre d’un projet de réhabilitation, de construction neuve, de bâti ou d’infrastructure. Dans ce contexte, il est souhaitable qu’une réflexion soit menée le plus tôt possible sur l’intégration du projet à l’existant.
L’instauration du permis de démolir, exigé dans le cas des secteurs sauvegardés ou bâtiments inscrits au titre des monuments historiques peut également être rendu obligatoire par décision du conseil municipal à l’ensemble d’une commune.
Cette démarche offre aux décideurs et représentants de la collectivité la possibilité d’anticiper les destructions de bâti ancien et ainsi de réguler la disparition du patrimoine en pierre.
Le permis de démolir offre un regard sur l’ouvrage à démolir, aussi bien dans le cas d’une démolition totale que partielle. Dès lors, il constitue un levier d’action disponible pour la collectivité pour prévenir d’une destruction des bâtiments jugés remarquables.